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Le Festival de musique d’Essaouira, exemple de tolérance pour la Méditerranée

gnaoua_1.jpgESSAOUIRA (AFP) – Le 11e Festival de musique gnaoua, jusqu’à dimanche dans la cité balnéaire marocaine d’Essaouira, veut servir d’exemple de tolérance dans les pays de la Méditerranée, en prélude au lancement à Paris de l’Union pour la Méditerranée, projet du président Nicolas Sarkozy.

« C’est un message adressé autour de nous pour s’unir, et le festival est la meilleure réponse à ceux qui doutent de la synthèse de nos cultures, ainsi que de l’universalité de nos spiritualités », a souligné le président de la manifestation, André Azoulay, un Marocain de confession juive.

« En France, les participants à la conférence de l’Union pour la Méditerranée devraient s’inspirer du rassemblement d’Essaouira qui, sans frontière ni visa, est ouvert à tous sauf à l’extrémisme et à la haine », a déclaré à l’AFP Khalid Brija, un hôtelier d’Essaouira.

Le genre musical gnaoua, perpétué par les descendants d’esclaves noirs (« Gnaoua » signifie « Guinée » en arabe), associe rythmes africains et culte des saints de l’islam.

A l’ouverture, jeudi soir, quelque 20.000 spectateurs ont vibré, sur le thème de la « magie », aux rythmes d’une fusion musicale appelant à la « paix, à la tolérance et au respect du droit à la diversité ».

Le groupe gnaoua algérien Diwane El Kasbah, huit musiciens dont le guembriste Abdelkader Chouali, a évoqué la « solidarité » qui unit les « peuples algérien et marocain » en dépit de la tension politique entre les deux pays sur le Sahara occidental.

M. Chouali est un des maâllems (maîtres) du guembri, instrument à trois cordes composé d’un manche rond qui s’enfonce dans une caisse de résonance faite avec une peau.

« Nous appelons nos dirigeants à la sagesse, la division ne sert personne », a commenté Mehdi Abdellah, joueur de crotales au sein du même groupe.

Le musicien Hassan Idba Saïd, figure mystique de la chanson berbère au Maroc, a toutefois expliqué sa préférence pour « l’union des régions ».

« Je préfère d’abord une réalisation concrète de l’Union du Maghreb arabe, l’Union pour la Méditerranée devra venir après: sans un Maghreb uni rien n’est possible », a-t-il dit en souriant.

Dans cette atmosphère, le conflit israélo-palestinien reste toutefois très vivace dans les esprits. Pour l’artiste algérien Abdenour Djemaï, spécialiste de la musique populaire kabyle, la musique est un « langage de la cohabitation et d’union des peuples, mais cela fait mal au coeur de voir des gens souffrir comme les Palestiniens ».

Ainsi, le groupe palestinien Joubrane, composé de trois frères jouant du oud, estime que l’Union pour la Méditerranée « ne pourra pas se réaliser tant que l’Etat hébreu occupe la Palestine ».

Samir Joubrane refuse toute idée de projet d’une production musicale avec un partenaire israélien: « le groupe Joubrane l’a fait une seule fois avec le célèbre pianiste d’origine juive, Daniel Barenboïm, car celui-ci a toujours défendu la cause palestinienne ».

Daniel Barenboïm, pianiste et chef d’orchestre de nationalité argentine et israélienne, a reçu en 2002 la nationalité espagnole, et il est également détenteur d’un passeport palestinien depuis janvier 2008.

« Daniel est contre l’occupation de nos terres par Israël. Politiquement il faut une relation d’amour pour aimer l’autre, mais tant qu’Israël occupe nos territoires, le rêve d’une union, même au sein du projet de Sarkozy, est impossible ».

Le festival d’Essaouira connaîtra dimanche une clôture en apothéose avec des concerts animés par le saxophoniste américain Wayne Shorter, le trompettiste d’origine libanaise Ibrahim Maalouf et le fils du légendaire Bob Marley, l’icône du reggae jamaïcain, Kimany Marley.

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