ROME (AFP) – Des représentants des musulmans en Italie ont lancé officiellement mercredi en présence du ministre de l’Intérieur Giuliano Amato le projet d’une « Fédération de l’islam italien qui se reconnaît dans la Constitution » et qui peut lutter efficacement contre l’extrémisme.
Ces représentants ont signé une « Déclaration d’intention » visant à mettre sur pied « un groupement islamique modéré et pluraliste (…) protagoniste d’un dialogue inter-religieux ».
La communauté musulmane en Italie compte plus d’un million de personnes.
Le document énumère certains des principes fondamentaux à la base de la future fédération, notamment « l’égalité entre l’homme et la femme » et « la liberté religieuse partout dans le monde », mais aussi « le rejet de liens avec toute organisation intégriste (…) et de tout type de fondamentalisme ».
« C’est un document important (…) et une belle journée pour les relations entre l’Etat italien et la religion » islamique, s’est félicité devant la presse M. Amato.
Il a souligné en particulier la volonté de la future fédération de résoudre « deux problèmes spécifiques: la réglementation (pour la construction, ndlr) des mosquées et la formation des imams ».
Aujourd’hui les musulmans en Italie prient aussi bien dans des mosquées que dans des garages ou des appartements, et il n’y a aucune formation spécifique pour les imams dont certains ont même été expulsés pour avoir prêché la violence.
« Ici, dans notre fédération, il n’y a pas de place pour l’extrémisme, pour ceux qui ne reconnaissent pas le caractère sacré de la vie ou l’égalité homme-femme », a assuré Souad Sbaï, présidente de l’association des femmes marocaines en Italie et élue députée dans les rangs du parti du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi aux récentes législatives.
« Le point de référence pour les musulmans en Italie est né aujourd’hui, l’islam italien est né aujourd’hui. C’est une grande et belle nouvelle », a estimé Ejaz Ahmad, un des signataires du document et directeur d' »Azad », la revue des Pakistanais en Italie.
Pour le professeur italien Carlo Cardia qui a aidé les représentants des musulmans dans leur travail, « il faudra de deux à quatre ans pour avoir toutes les institutions de la fédération en place et juridiquement valables ».
« Nous espérons qu’il y aura un effet d’attraction y compris pour les musulmans qui n’adhèrent pas tout de suite à la fédération », a-t-il ajouté.
« Je suis sûr que l’énorme majorité des musulmans est fatiguée de prier dans les garages », a estimé l’Irakien Younis Tawfik, journaliste et professeur de langue et littérature arabe à l’Université de Gênes.
L’idée des organisateurs de la fédération est que les musulmans qui prient aujourd’hui dans des lieux de culte improvisés, qui ne sont pas de vraies mosquées, et presque en clandestinité, seront attirés par l’idée de prier dans une « vraie » mosquée, reconnue par l’Etat.