ANTONY (Hauts-de-Seine) (AFP) – Entre 150 et 200 musulmans ont procédé à la prière du vendredi sur une pelouse pour protester contre la fermeture deux jours plus tôt d’une salle de prière dans la plus grande résidence universitaire de France, à Antony, a constaté l’AFP. Devant le bâtiment G, où se trouve la salle fermée avec le concours des forces de l’ordre mercredi, les étudiants ont recouvert la pelouse de grandes bâches plastiques pour protéger les tapis de prière de l’humidité, avant de se recueillir pendant environ une heure. « Cette salle existait depuis 30 ans, est-ce que quelqu’un s’en était déjà plaint? Jamais! », leur a lancé Abdelatif Belkadi, un chercheur en linguistique, dans un discours qui a fait office de prêche.
D’anciens étudiants et des personnes ne vivant pas à la résidence mais qui la fréquentent régulièrement pour la prière étaient également présentes. « L’annonce de la fermeture m’a bouleversé, car je dois ma réussite universitaire à cette salle de prière, qui est aussi un lieu d’échange et de socialisation », a expliqué Hassen Mouffok, aujourd’hui chef d’entreprise.
Jeudi, la directrice du Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires (CROUS) de Versailles — dont dépend la résidence d’Antony –, Françoise Bir, a expliqué que la salle avait été « évacuée » pour des motifs de « sécurité incendie et électricité ».
Elle a ajouté qu’une nouvelle salle serait mise à disposition des étudiants, mais à la conditions qu’ils « étudiants respectent le règlement intérieur qui proscrit toute pratique cultuelle ou religieuse en dehors de la sphère privée ».
« Il ne doit pas y avoir de lieu de culte dans une résidence universitaire », a-t-elle ajouté.
Pour les étudiants, la salle qui servait à la prière mais également à dispenser des cours d’arabe et de soutien, n’entrait pas en contradiction avec le règlement intérieur.
Celui-ci garantit les « libertés religieuse, de réunion et d’association », pourvu qu’elles « s’exercent dans le respect des libertés individuelles des autres étudiants » et qu’il n’y ait pas de « manifestation à caractère prosélyte ».
Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a pour sa part expliqué vendredi à l’AFP qu’il espérait un compromis qui puisse satisfaire les « préoccupations de l’administration » et celles des étudiants. « Je plaide pour qu’on essaie de considérer davantage comme une aspiration culturelle que religieuse les désirs de ces étudiants, dont certains viennent de l’étranger », a-t-il expliqué. Il s’est dit cependant favorable à ce que le lieu n’accueille plus de personnes extérieures à la résidence, « pour éliminer tout risque d’intrusion »d’éléments radicaux ou extrémistes.
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