PARIS (AFP) – Le concept de « laïcité positive » avancé par Nicolas Sarkozy « remet en cause la conception de la laïcité républicaine » et favorise un retour à la religion « opium du peuple » dénoncée par Karl Marx, estime François Bayrou dans un entretien a paraître mercredi dans Le Figaro.
« Quand on a besoin d’un adjectif, c’est qu’on veut changer le sens du mot. Il y a dans le discours prononcé à Saint-Jean-de-Latran (lors du voyage jeudi de M. Sarkozy au Vatican) quelque chose de profond, passé à peu près inaperçu, une remise en cause de la conception de la laïcité républicaine autour de laquelle, depuis la Libération, la France s’est construite », estime le président du MoDem.
« C’est le retour, qu’on croyait impossible en France, du mélange des genres entre l’Etat et la religion. Ce mélange des genres n’a jamais produit de bons fruits, je le dis comme citoyen, et je le dis aussi comme chrétien de conviction », poursuit M. Bayrou.
« Cette conception sociologique de la religion, fournissant +l’espérance+ qui fait que les peuples se tiennent tranquilles et respectent les règles établies, on croyait qu’elle était loin derrière nous! Ce n’est pas autre chose que +l’opium du peuple+ que dénonçait Marx », poursuit le leader centriste.
Il estime qu’il s’agit là d’un « leitmotiv chez Nicolas Sarkozy, notamment quand il a parlé des bienfaits de la présence de l’islam pour pacifier les banlieues ».
« L’aspiration spirituelle est un mouvement précieux de l’être humain. Sur ce point, je suis d’accord avec Nicolas Sarkozy. La société doit la respecter. Mais lorsqu’on suggère que la morale républicaine doit se fonder dans les religions, on change d’approche », dit-il.
M. Bayrou relève par ailleurs le « paradoxe troublant que celui d’un pouvoir qui affiche chaque fois qu’il le peut sa complaisance avec le matérialisme financier et, en même temps, souhaite faire de la religion une autorité dans l’espace public ».
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