JAKARTA (AFP) -Les hautes autorités musulmanes indonésiennes ont édicté une fatwa pour interdire aux musulmans de regarder les émissions de télévision colportant des rumeurs sur la vie privée des célébrités, qui rencontrent un grand succès.
Les membres du Conseil des Oulémas ont estimé « important d’édicter une fatwa sur les programmes d’info-divertissement (infotainment) qui peuvent avoir un caractère amoral et qui violent le code éthique du journalisme », a indiqué mercredi Niam Soleh, un responsable de la plus haute autorité musulmane du pays.
« Nous ne sommes pas opposés à tous les programmes d’info-divertissement… Ceux qui sont +haram+ (interdits) sont ceux qui colportent des rumeurs et présentent des détails scabreux sur les gens », a-t-il précisé.
Cette fatwa sera présentée à la Commission de l’audiovisuel, qui régule les chaînes de télévision en Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde.
Le Conseil des Oulémas s’est saisi de cette question alors que les polémiques se multiplient autour des programmes de certaines chaînes privées, qui multiplient émissions et shows sur la vie et les amours des vedettes des spectacles, de la musique ou de la télévision.
Un vaste scandale a éclaté après la diffusion en juin, sur internet, de scènes sexuelles impliquant trois des stars les plus populaires, le chanteur Nazril Ariel, et deux animatrices du petit écran, Luna Maya et Cut Tari.
« Lorsque les gens commencent à répandre des rumeurs, les liens maintenant la nation unie se rompent », a estimé M. Soleh.
Le directeur des programmes de la chaîne RCTI, l’une des plus regardées, a jugé difficile d’appliquer les recommandations des oulémas. « Ce qui est un fait pour nous peut être considéré comme un mensonge par d’autres. Comment peut-on déterminer qu’il s’agit d’une rumeur? », s’est-il interrogé. « Nous allons continuer à diffuser des émissions sur les célébrités mais en cherchant à les améliorer », a-t-il ajouté.
Les fatwas ne s’imposent pas légalement aux pratiquants, mais « les musulmans commettent un péché s’ils refusent de respecter une fatwa », selon Ma’ruf Amin, le président du Conseil.
Lors de sa réunion, qui s’est terminée mercredi, les oulémas ont également interdit les opérations de changement de sexe sauf en cas de solide raison médicale.