PERPIGNAN (AFP) -Le tribunal correctionnel de Perpignan a condamné vendredi soir à cinq ans de prison ferme un couple de parents poursuivis pour maltraitance de leurs huit enfants, suivant ainsi les réquisitions du procureur de la République, a-t-on appris samedi de source judiciaire.
Après un court délibéré, le tribunal a condamné les parents, résidant à Banyuls-sur-mer (Pyrénées-Orientales), à cinq ans de prison ferme, au retrait total de leur autorité parentale sur leurs sept enfants encore mineurs, et à leur verser 10.000 euros chacun, a rapporté une correspondante de l’AFP.
L’affaire avait éclaté en avril 2009 lorsqu’un adolescent de 16 ans avait été découvert par la gendarmerie pieds nus, le visage ensanglanté, errant dans les rues Banyuls à la recherche de nourriture dans les poubelles.
Les parents avaient maltraité et privé d’aliments et de soins leurs huit enfants pendant des années. Ils avaient justifié leur attitude par des préceptes islamiques et une volonté de « purification » et avaient été incarcérés le 13 avril 2009.
Trois enfants, âgés de 15 ans, 13 ans, et 12 ans, ne pesaient qu’entre 22 kg et 32 kg lorsqu’ils avaient été découverts. Le père détenait l’unique clef de la cuisine fermée en permanence.
Le père de famille, d’origine marocaine, et son épouse, d’origine slave et convertie à l’islam en 2000, âgés de 49 ans et 50 ans, étaient poursuivis pour « privation de soins ou d’aliments compromettant la santé d’un mineur par ascendant », et « violence habituelle sur mineur par ascendant ».
A l’audience de vendredi la mère a expliqué avoir voulu « vivre à l’orientale », le père expliquant « un choix de sobriété mais pas par ascétisme » destiné « à faire sortir le mensonge » du corps de leurs enfants.
Les experts psychiatriques ont décrit le père comme « manipulateur, égocentrique, mégalomaniaque, dont la dangerosité psychique est patente et l’évolution vers une psychose paranoïaque irréversible ».
La mère a elle été décrite comme soumise à son mari « sans aucune autonomie psychique ».
Les parents de la famille jusqu’alors décrite comme « très discrète et vivant en autarcie », s’étaient cependant déjà signalés par leur insistance à voir leurs trois aînées porter le voile au collège. Devant le refus de l’Education nationale, elles avaient quitté le collège pour étudier chez elle avec le centre national d’enseignement à distance (Cned), sous le contrôle de leur mère.