HERAT (Afghanistan) (AFP) –Le conseil des mollahs de l’ouest de l’Afghanistan a brandi vendredi la menace d’un appel au Jihad, la guerre sainte, contre les forces internationales si elles ne mettent pas un terme aux bavures lors des bombardements dont sont régulièrement victimes les civils.
« Nous lançons un avertissement aux forces internationales: si les bavures contre les civils continuent, nous allons appeler au Jihad contre eux, dans l’ouest de l’Afghanistan », a déclaré le Maulvi Farooq Hossini, porte-parole des religieux, au cours d’une conférence de presse.
« En dépit d’innombrables promesses, les soldats continuent de prendre pour cible les mariages, les soldats afghans, les maisons des civils. Les forces internationales ne sont pas tenues pour responsables de leurs actes et le gouvernement afghan n’a pas la possibilité de les poursuivre », a-t-il regretté.
Les forces étrangères en Afghanistan sont régulièrement accusées de tuer des civils dans leurs combats ou bombardements contre les insurgés, ce qui provoque la colère de la population et des autorités afghanes.
Le président Hamid Karzaï s’est plusieurs fois plaint que les forces internationales ne coordonnaient pas leurs opérations avec les forces afghanes. Kaboul avait même menacé fin août de renégocier les termes de la présence militaire internationale en Afghanistan après une série de frappes meurtrières.
L’une des plus sanglantes a eu lieu le 22 août près d’Azizabad (ouest), où 90 civils ont péri lors d’un bombardement américain, selon une enquête des autorités afghanes.
L’armée américaine avait fini par reconnaître le 9 octobre qu’au moins 33 civils, dont 12 enfants, avaient péri, après n’avoir évoqué que sept victimes.
Lors de la dernière en date, le 3 novembre, 35 participants à un repas de mariage ont péri dans des frappes aériennes selon des témoins, au milieu de combats entre talibans et soldats américains, près de Kandahar, un bastion des insurgés dans le sud du pays.
Par ailleurs, le Maulvi Farooq Hossini a également condamné les exactions des talibans, parmi lesquelles les décapitations, les attentats suicides, les bombes au bord des routes.
« Nous condamnons les décapitations effectuées par les talibans, les assassinats de religieux et les attentats aveugles faisant des victimes civiles », a-t-il expliqué, ajoutant que ces actions sont contraires à l’Islam.
« L’éducation doit être obligatoire pour les garçons comme pour les filles selon l’Islam. Attaquer les écoles et s’en prendre aux filles qui y vont est une insulte au prophète Mohammed », a-t-il poursuivi.
Mercredi, des hommes à moto ont aspergé d’acide des jeunes filles voilées se rendant au lycée. Sous le régime des talibans, les filles n’avaient pas accès à l’éducation.
Le conseil des mollahs a également apporté son soutien aux négociations qui doivent s’engager entre les autorités et les talibans, à condition que ceux-ci se débarrassent des combattants étrangers. Il a demandé que les exécutions de criminels soient publiques, comme sous le régime des talibans.
Les talibans ont lancé une insurrection depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale conduite par les Etats-Unis. Les violences ont redoublé d’intensité depuis près de deux ans, malgré la présence de 70.000 soldats de deux forces multinationales, l’une de l’Otan, l’autre sous commandement américain.
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