PARIS (AFP) – L’écrivaine bangladaise Taslima Nasreen, menacée de mort par les islamistes, dénonce l’abandon dont elle est victime et le manque de soutien de l’Inde où elle a cherché refuge, dans une tribune publiée vendredi par le quotidien Le Monde. « Je ne suis plus qu’une voix désincarnée. Ceux qui me soutenaient par le passé ont disparu dans les ténèbres », écrit notamment Mme Nasreen. « Je ne suis qu’un simple écrivain qui ne connaît ni ne comprend rien à la dynamique politique. La force du fondamentalisme, à laquelle je me suis opposée et que j’ai combattue pendant des années, n’a été que renforcée par ma défaite », ajoute-t-elle sur un ton désabusé.
Mme Nasreen a vécu en exil entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Inde depuis qu’elle a été menacée de mort par des islamistes au Bangladesh en 1994. Elle vivait à Calcutta (est de l’Inde) depuis 2004, avant d’en être chassée en novembre dernier à la suite d’une violente manifestation islamiste contre sa présence.
Mme Nasreen exprime également son désarroi face à l’attitude de l’Inde, où elle peine à trouver une ville d’accueil en raison de la pression de groupes islamistes. Dans ce pays, « pas un seul parti politique de quelque obédience que ce soit n’a pris la parole en ma faveur » et en dehors de soutiens individuels dispersés « aucune ONG ni aucun groupe défendant les droits des femmes ou les droits de l’homme ne m’a soutenue, ni n’a condamné les attaques malveillantes lancées à mon encontre », affirme-t-elle. « Pour être franche, cette facette de la nouvelle Inde me terrifie », ajoute l’écrivaine.
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