KABOUL – Les appels à négocier avec les talibans se multiplient alors que les combats se poursuivent en Afghanistan: le Conseil des oulémas afghans a exhorté vendredi le président Hamid Karzaï à accepter des pourparlers avec la milice extrémiste sous l’égide du roi Abdallah d’Arabie saoudite.
Dernier épisode dans le conflit qui a pris de l’ampleur, au moins 34 militants ont été tués lors d’affrontements dans l’est et le sud du pays, dans les provinces de Logar, de Kunar et de Helmand, ainsi que dans celle de Farrah (ouest), a annoncé vendredi l’armée américaine.
En janvier, le chef des services de renseignements saoudiens avaient rencontré de hauts responsables du gouvernement de Kaboul pour tenter d’ouvrir une ligne de communication avec les talibans. Et vendredi, le puissant conseil des oulémas a rencontré Karzaï et lui a proposé une nouvelle rencontre.
Le très conservateur régime wahhabite d’Arabie saoudite, gardien des lieux saints de l’Islam, fut l’un des seuls pays au monde à avoir reconnu les talibans lorsqu’ils prirent les commandes de l’Afghanistan en 1996, y imposant leur vision ultra-rigoriste de la loi islamique.
Le nouveau président américain Barack Obama s’est engagé à envoyer des renforts de 17.000 hommes dans le pays pour tenter d’inverser la tendance et sortir du statu quo actuel. Il aspire à ce que les pays européens renforcent également leur présence militaire.
Dans le même temps, un responsable pakistanais affirmait vendredi que le Mollah Omar, chef en fuite des talibans, n’était pas caché dans la province du Balouchistan (sud-ouest pakistanais), exhortant les Etats-Unis à ne pas s’en prendre à la région.
Selon le « New York Times », des responsables américains envisageraient en effet d’élargir au Balouchistan les opérations de tirs de missiles actuellement en cours sur les zones pakistanaises à la frontière afghane, considérant que les chefs talibans et d’Al-Qaïda s’y sont repliés, quittant les bastions extrémistes plus au nord.
Les services de renseignements occidentaux et afghans soupçonnent depuis longtemps qu’Omar et d’autres hauts responsables du gouvernement taliban chassé par l’invasion américaine de 2001 ont trouvé refuge à Quetta, capitale du Balouchistan, ou dans sa région.
Inquiet pour la suite, Raisani, le gouverneur de la province, a donc affirmé que le Mollah Omar n’est pas au Pakistan, mais en Afghanistan, dans la province de Kandahar, frontalière avec le Balouchistan.
Selon Washington, des frappes plus nombreuses dans les zones tribales le long de la frontière afghane ont permis de tuer plusieurs hauts responsables d’Al-Qaïda depuis l’année dernière.
L’administration Obama a autorisé ces frappes, menées selon toute probabilité par des drones, appareils sans pilote de la CIA. Elle devrait d’ici avril annoncer la nouvelle stratégie américaine pour la région.
Le directeur de la CIA Leon Panetta était d’ailleurs attendu vendredi au Pakistan, selon la presse locale.