(AFP, 8/06/2017) « Il faut arrêter l’aveuglement stupide » face au jihadisme qui consiste à dire que « cela n’a rien à voir avec l’islam », souhaite l’écrivain britannique Salman Rushdie dans un entretien publié jeudi par l’Obs.
« Je suis en désaccord fondamental avec ces gens de gauche qui font tout pour dissocier le fondamentalisme de l’islam », souligne l’auteur des « Versets sataniques » qui vit sous la menace d’une fatwa depuis 1988.
« Depuis 50 ans, l’islam s’est radicalisé », soutient le romancier qui vit désormais à New York. « Il y a bien sûr une tradition d’un islam éclairé. Mais il n’est pas au pouvoir aujourd’hui », ajoute-t-il.
« Côté chiite, il y a eu l’imam Khomeini et sa révolution islamique. Dans le monde sunnite, il y a eu l’Arabie saoudite, qui a utilisé ses immenses ressources pour financer la diffusion de ce fanatisme qu’est le wahhabisme. Mais cette évolution historique a eu lieu au sein de l’islam et non à l’extérieur », insiste l’écrivain.
« Quand les gens de Daech se font sauter, ils le font en disant +Allahou Akbar+, alors comment peut-on dès lors dire que cela n’a rien à voir avec l’islam? », interroge-t-il.
L’écrivain explique qu’il dit « comprendre » la crainte de « stigmatisation de l’islam » mais, ajoute-t-il aussitôt « pour éviter cette stigmatisation, il est bien plus efficace de reconnaître la nature du problème et de le traiter ».
L’auteur de « Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits » trouve ainsi « consternant » d’entendre « Marine Le Pen analyser l’islamisme avec plus de justesse que la gauche ».
« C’est très inquiétant de voir que l’extrême droite est capable de prendre la mesure de la menace plus clairement que la gauche ».
« Le présupposé constant de la gauche, c’est que le monde occidental est mauvais. Et donc tout est passé au crible de cette analyse », déplore-t-il.