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Gaza : le Coran au secours des prisonniers

prisonnier_gaza.jpgGaza (RFI)- L’offre a de quoi séduire. Les prisonniers qui pourront réciter une partie du Coran par cœur verront leur peine allégée. Les réductions varient d’un mois pour un chapitre d’une quinzaine de pages, à une année complète pour cinq chapitres. Un comité spécialement formé est chargé d’évaluer la bonne mémorisation des versets.

Dans la prison de la Saraya, au centre de Gaza, la décision du Hamas d’offrir aux détenus la possibilité de réduire leur peine par l’étude du Coran suscite un enthousiasme indéniable. « J’ai été condamné à cinq ans de prison et j’ai déjà fait deux ans et demi. Le directeur de la prison m’a promis que si je pouvais mémoriser cinq chapitres du Coran, je pourrai avoir une réduction de peine d’une année. Depuis, je fais beaucoup d’efforts pour apprendre le Coran », confie Mazen, 34 ans, qui dit consacrer « deux ou trois heures par jour » au livre sacré ouvert sur ses genoux.

Dans cette cellule de quelques mètres carrés que se partagent sept détenus, tous disent avoir commencé l’apprentissage du Coran. « L’atmosphère a changé. Nous parlons beaucoup du Coran et de la signification des versets que nous sommes en train d’apprendre. C’est une très bonne chose, car le Coran nous rend meilleurs. Si je suis libéré, je continuerai de l’étudier en dehors de la prison », assure Abou Hossam, 45 ans. Cet homme d’affaire, qui attend son jugement pour abus de confiance, ne tarit pas d’éloges sur la nouvelle administration de la prison. « Les gardiens nous prêtent leurs téléphones portables pour appeler nos familles. La vitre dans la salle des visites a été enlevée et nous pouvons embrasser nos enfants ».

Ce système de remise de peine n’est pas du goût de tous les prisonniers. « Je n’ai pas besoin d’eux pour apprendre le Coran ! », lance Ali, 28 ans, arrêté par la Force exécutive, la police du Hamas, pour possession de drogues il y a un mois. « Le Coran doit rester dans la relation entre Dieu et moi. Je ne veux pas m’en servir pour obtenir une réduction de peine », poursuit le jeune homme, dont la famille est affiliée au Fatah.

Selon le directeur de la prison, Ali Ehmeid, une centaine de prisonniers ont déjà fait le choix d’apprendre le Coran sur les 210 détenus. « Nous essayons de mettre en place un nouvel environnement où le prisonnier peut devenir meilleur, assure t-il. Le Coran fait partie de nos vies. Si nous pouvons aider quelqu’un à le mémoriser, c’est un grand accomplissement pour nous et pour la communauté musulmane toute entière, pas seulement pour les prisonniers. Nous essayons de suivre les enseignements de notre prophète Mohamed, la paix et le salut soient sur lui », ajoute le fonctionnaire, ponctuant ses phrases de formules de bénédiction, à la manière des islamistes.

Pour cet ancien officier de police de l’Autorité palestinienne, bombardé directeur de la principale prison de Gaza, le Hamas a opéré un « changement à 180°C ». « Un jour j’ai été obligé de relâcher un dealer de drogue sur ordre de mon supérieur pour découvrir qu’ils partageaient le produit de la vente. C’était impossible de faire appliquer la loi, raconte Ali Ehmeid. Maintenant, j’ai réellement les mains libres pour travailler et faire tout ce que je pense nécessaire dans l’intérêt du peuple palestinien ».

Plusieurs détenus disent leur espoir de voir leur dossier rouvert par le Comité judiciaire que le Hamas veut mettre en place pour remplacer les tribunaux qui ont cessé de fonctionner sur ordre du gouvernement d’urgence de Ramallah. Faiez attend son jugement depuis cinq ans, accusé du meurtre d’un activiste palestinien et de collaboration avec Israël. Les nouvelles autorités ont décidé de réexaminer son cas pour absence de preuves suffisantes. « Je n’ai rien fait. L’homme qu’on m’accuse d’avoir tué est toujours vivant, à Hébron, mais les Moukhabarat (services de renseignement chargés de la sécurité interne) n’ont jamais rien vérifié. Tout ce qu’ils ont fait, c’est de me demander de payer dix mille dinars jordaniens. Où je pouvais trouver cet argent ? », s’emporte t-il, plein de reconnaissance pour des islamistes bien décidés à marquer leur différence avec l’ancienne administration « corrompue » du Fatah.

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