NAIROBI (AFP) – Au moins deux personnes ont été tuées vendredi lorsque les forces kenyanes ont tiré à balles réelles et avec des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs dizaines de manifestants qui réclamaient à Nairobi la libération d’un imam radical jamaïcain, a indiqué une source hospitalière.
Un médecin d’une clinique de Nairobi a déclaré que plusieurs personnes avaient été hospitalisées. « Vous pouvez voir que l’une d’entre-elles est morte et son corps est allongé ici. Un autre est décédé sur le chemin de l’hôpital », a-t-il ajouté.
« Nous avons soigné de nombreuses personnes ici (…) vous pouvez même voir que ceux qui sont allongés ici (…) ont des blessures par balles », a déclaré ce responsable sous couvert d’anonymat.
Selon un responsable musulman kényan, au moins cinq personnes ont été tuées, mais ce bilan ne pouvait être confirmé dans l’immédiat par des sources policières ou médicales.
Les heurts ont commencé en début d’après-midi, aux abords de la mosquée al-Jammiah, en plein centre-ville de Nairobi, un moment survolé par un hélicoptère de la police.
Les manifestants brandissaient des pancartes réclamant la libération de l’imam Abdullah al-Faisal, 45 ans, qui avait été arrêté en 2003 au Royaume-Uni pour avoir appelé dans ses prêches à tuer des Juifs, des Hindous et des Occidentaux et condamné à une peine de quatre ans prison.
« Nous voulons Faisal! », « Pas de Faisal, pas de paix! », scandaient les protestataires, dont l’un d’entre eux portait à bout de bras une photo d’Oussama Ben Laden.
Occupant la rue donnant accès à la principale entrée de la mosquée, en jellaba ou le visage masqué par un keffieh, ils lançaient des pierres sur les quelque dizaines de militaires et policiers déployés sur place, qui ripostaient de la même façon ou par des tirs de grenade lacrymogène.
Des soldats ont ouvert le feu à balles réelles, en l’air mais également en direction des manifestants et de la mosquée, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Aux cris de « Allahu Akbar! » (Dieu est grand), les manifestants ont un moment lancé des cailloux en direction des badauds qui assistaient à la scène.
Certains de ces spectateurs ont alors pris part aux violences aux côtés des forces de l’ordre, invectivant et lançant à leur tour toutes sortes de projectiles sur les protestataires.
Le face-à -face a duré près de deux heures, ponctué par l’intervention épisodique d’un canon-à -eau de la police qui a, un moment, forcé les manifestants à se réfugier dans la mosquée.
Les violences ont progressivement cessé après l’intervention de plusieurs notables musulmans, venus calmer les émeutiers, avec l’accord des responsables de la police sur place.
Abdullah al-Faisal, qui a passé quatre ans en prison au Royaume-Uni pour incitation à la haine raciale, avait été arrêté le 31 décembre dans la ville côtière kenyane de Mombasa (sud-est) après avoir participé à une prière dans une mosquée de la ville.
Les autorités kenyanes ont tenté à deux reprises, en vain, d’expulser l’imam au motif qu’il avait violé la législation sur l’immigration au Kenya en conduisant une prière à Mombasa.
Mais le Kenya s’était heurté au refus de la Tanzanie puis du Nigeria d’accueillir le prédicateur en transit sur leur sol. L’imam est actuellement en détention à Nairobi et fait toujours d’objet d’une mesure d’expulsion.